artificiel: Passages exothermiques
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Passages exothermiques

Philippe Allard et Alexandre Burton (2025)

L’inspiration provient de l’image d’une feuille en décomposition. L’air et la lumière la transperce ; il ne reste qu’une portion de sa structure, légère, filiforme, biologique et étonnamment géométrique. Nous voyons dans cette géométrie naturelle un pont entre nos pratiques respectives d’installations d’éléments accumulés à des systèmes numériques génératifs.

Nous tenions absolument à ce que la résultante soit une seule œuvre en deux volets et non deux œuvres distinctes, raison pour laquelle l’inspiration principale provenant de la structure géométrique de la feuille soit la même à l’extérieur qu’à l’intérieur.

L’image de cette feuille nous a conduit aux études des scientifiques Dirichlet, Thiessen, Voronoï et même Descartes. Thiessen, inspiré du Principia philosophiae de Descartes et le mathématicien Russe Goergy Fedoseevich Voronoï inspiré de le tessellation de Dirichlet. Le diagramme de Voronoï est un plan cellulaire qui se déploie selon la distance entre des points. Ce système de croissance des cellules évoque l’aspect organique de la multiplication cellulaire et crée des formes vectorielles régies par une logique mathématique. Des cellules semblables aux polygones de Voronoï se retrouvent partout dans notre environnement naturel, de la robe des girafes aux nervures sur une feuille d’arbre. Comme nous désirons jouer entre la macro et le micro, ce jeu de textures géométriques que l’on retrouve dans la structure de cette feuille est propice à l’expression des Passages exothermiques.

Il y a donc cette inspiration des polygones cellulaires pour la forme, mais nous voulons également qu’émane des deux installations des phénomènes inhérents au compostage. Nous nous intéressons particulièrement à la réaction exothermique due à la décomposition de la matière par l’activité des champignons et des bactéries*.

Nous nous inspirons des équations classiques de Frank- Kamenetskii pour calculer et simuler le processus en 2 dimensions, et appliquer les résultats obtenus à la coloration et l’intensité  de fluctuations lumineuses à l’extérieur et à l’intérieur du bâtiment. À l’extérieur, les gradations de lumières se font uniquement sur l’intensité de la lumière blanche, tandis qu’à l’intérieur la palette thermique au complet est exploitée.