artificiel: Le culte du calcul
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Le culte du calcul

Alexandre Burton (2003)
Ordinateur, écrans suspendus.

LE CULTE DU CALCUL

Le calcul systématique fascine. À sa base, une propriété intrinsèquement numérique: à partir du moment où quelque chose est codifiable, elle est calculable et finie. On peux par exemple calculer toutes les images numériques possibles, bien qu'à raison de 24 images par seconde, cela prendrait plus de temps que la durée de vie de l'univers - quelque chose qui, pratiquement, se rapproche de l'infini. Mais on y verrait défiler toutes les images possibles, sans exception. Pour les adeptes du calcul systématique, la question ou la réponse importent peu: le calcul est une fin en soi.

Comme pour les moines de Arthur C. Clarke dans "Les Neuf Millions de Noms de Dieu" (1967) qui utilisent un ordinateur pour réaliser toutes les permutations possibles d'un alphabet inventé. En quelques mois, ils mettent un terme à une tâche mystique (inhumaine) qui devait ne "jamais" se réaliser (ce faisant, il mettent fin à la raison d'être de l'univers). Comme aussi ceux qui cherchent des signes vitaux extra-terrestres dans des masses immenses de données accumulées, ou encore ceux qui cherchent toutes les combinaisons possibles du génome humain.

C'est la résolution du code qui détermine la quantité de possibilités. Pour Le culte du calcul, un code de 24 bits articule l'évolution spatiale de courbes vectorielles qui seront exposée en temps réel dans l'installation.

Le lancement de l'installation est un événement en soi, moment d'inauguration où les écrans sont activés. Pendant huit jours, les visiteurs pourront suivre cette réalisation systématique des permutations possibles (il y aura 16 777 216 images, ce qui prendra huit jours, 5 minutes, 27 secondes et 72 millièmes de secondes). La fin du calcul sera l'occasion d'un autre rassemblement, moment de fébrilité collective à partir duquel on saura avec soulagement que oui, toutes les permutations possibles auront été vue.

Ce calcul, véritable "render"(*) de huit jours, est mon film.

Le dispositif est constitué de deux petits écrans (15cm) dos à dos, suspendus à environ 1,7m du sol (la hauteur des yeux). D'un côté, le rendu abstrait de l'évolution des permutations, aussi proche du numérique que possible. De l'autre, le rendu visualisé des courbes vectorielles. Deux petits hauts parleurs viennent compléter le dispositif.

(*) "render" est un terme technique anglais désignant le calcul par l'ordinateur d'un modèle 3D ou des effets spéciaux en cinéma. en français on devrait dire "calcul d'image" mais personne n'emploi ce terme.


2003 >  FCMM , S.A.T. / montréal [ca]

Crée dans le cadre de l'édition 2003 du Festival de Nouveau Cinéma et Nouveaux Médias de Montréal